Depuis avril 2024, dans le contexte de l'appel à projet Good Food, Lunch In Jette, participe à la lutte contre la précarité alimentaire et sociale et au vivre ensemble du Nord de Bruxelles en remettant la solidarité et la convivialité au cœur de la cuisine.
Le projet s’articule autour de quatre axes :
- Chaque jeudi, un lunch veggie participatif 100% bio avec un focus alimentation/santé proposé par la Maison Médicale Antenne Tournesol toutes les 6 semaines. Le lunch est à prix différencié, ce qui signifie qu’il y a 3 prix proposés et que chacun.e choisi le prix qu’il.elle veut payer en fonction de ses capacités
- Une cuisine accessible à tout le monde pour venir y cuisiner en groupe vos propres préparations en toute convivialité
- La mise en place d'atelier de saison sur la conservation des aliments
- La création d'une prêterie de matériel de cuisine.
Bref, un espace où les participants peuvent : participer à la confection d’un lunch veggie 100% bio ou venir simplement manger à un tarif différencié ; venir y cuisiner en groupe leurs propres préparations ; participer à un atelier sur la conservation des aliments au rythme des saisons et emprunter du matériel pour cuisiner chez eux.
Objectifs et publics cibles :
Permettre à chacun·e — y compris les personnes en situation de précarité sociale ou alimentaire — de cuisiner ou de partager un repas végétarien équilibré, inspirant et reproductible chez soi.
Favoriser la découverte de produits locaux, anciens ou méconnus (légumineuses, tofu, légumes oubliés…) et la compréhension des principes d’une alimentation saine et durable.
Offrir un espace et des ustensiles de cuisine partagés, ainsi qu’une bibliothèque de livres de recettes végétariennes, pour renforcer l’autonomie culinaire.
Valoriser et redonner confiance à des personnes qui se sentent “inutiles” ou peu compétentes en cuisine, en leur permettant de contribuer à un repas collectif.
Créer du lien social en rassemblant des publics variés autour de grandes tables partagées et d’un travail d’équipe en cuisine.
Réduire le gaspillage alimentaire grâce à la valorisation d’invendus et à l’organisation d’ateliers de conservation en fin de saison.
Encourager des parcours d’insertion dans les métiers de l’horeca durable pour les personnes qui souhaitent aller plus loin.
Renforcer la mixité sociale en réunissant dans un même projet des personnes précarisées et des habitant·es ou travailleur·ses de Jette issus de milieux plus favorisés.
Le projet améliore ainsi l’accessibilité de la Good Food sous plusieurs angles : économique (tarif différencié de 4 € à 15 €), social (mixité des publics), culturel (apprentissage et transmission de savoir-faire), et infrastructurel (accès à du matériel et une cuisine équipée).
Le public est mixte et composé :
de personnes en situation de précarité alimentaire et/ou sociale habitant Jette ou les environs, identifiées et sensibilisées en collaboration avec des associations de quartier (maisons médicales, CPAS, structures sociales locales, etc.) ;
et de personnes dites plus favorisées, habitant ou travaillant à Jette, qui participent au projet dans une logique d’ouverture, de curiosité culinaire et de partage.
Cette mixité sociale est au cœur du projet : elle permet de déconstruire les clivages liés à l’accessibilité à une alimentation saine et de créer un véritable espace de rencontre autour de la cuisine et du bien manger.
Concrètement :
-> La pratique comme moyen d’apprentissage
Les participant·es cuisinent ensemble lors d’ateliers collectifs ouverts à tou·tes, avec un accompagnement bienveillant et non hiérarchique.
La transmission se fait par la pratique et par l’échange entre pairs, plutôt que via un format plus classique.
Chaque séance est pensée pour être reproductible à domicile : recettes simples, ingrédients abordables et techniques transférables.
-> Évaluation continue
Le projet évolue en fonction des besoins, des retours du public et des envies des associations impliquées
Des questionnaires de satisfaction et sondages ont été réalisés auprès des participant·es réguliers et de nouvelles personnes pour ajuster les horaires, les menus, la communication et les besoins matériels
Des évaluations intermédiaires trimestrielles ont permis d’orienter le projet.
-> Coconstruction et ancrage local
Les activités sont évaluées et co-construites avec des partenaires du quartier (Maison médicale Antenne Tournesol et Cuisines de Quartier).
Mutualisation des ressources humaines et matérielles et des expériences.
En résumé, la méthodologie de Lunch in Jette s’appuie sur la participation active, la proximité, l’adaptation et la mutualisation, afin de rendre l’alimentation durable accessible et la cuisine végétarienne plus concrète pour notre public.
Résultats obtenus :
Le projet a permis chaque semaine d’offrir un repas végétarien sain, accessible grâce à une tarification solidaire, et facile à reproduire chez soi. Les participant·es ont découvert de nouveaux ingrédients (légumes oubliés, tofu, légumineuses) et développé des compétences culinaires grâce aux ateliers et à l’accès à une cuisine bien équipée, complétée par une bibliothèque et une prêterie d'outils de cuisine.
Les lunchs ont renforcé la confiance des personnes peu sûres d’elles en cuisine et ont redonné goût à la cuisine maison. Une véritable communauté s’est formée : 70 % des participant·es reviennent régulièrement, créant un lien social fort et durable.
Les repas ont permis à un large public de découvrir une cuisine végétarienne savoureuse et variée, modifiant positivement leurs habitudes alimentaires.
Plusieurs participant·es et groupes de quartier ont développé des compétences suffisantes pour coanimer les ateliers.
Enfin, même si la récupération alimentaire n’a pas pu être mise en place, la prévention du gaspillage a été travaillée via la planification des menus, l’utilisation des restes et des ateliers de conservation saisonniers.
Chiffres clés :
Entre avril 2024 et septembre 2025 :
- le projet a mis en place 51 lunchs et ateliers hebdomadaires, a compté 901 participations et a permis de cuisiner 1 762 portions (lunchs + groupes de cuisine quartier)
- Le tarif solidaire a bien été compris, mais la répartition réelle (50 % tarif minimum – 35 % intermédiaire – 15 % haut) n’a pas permis l’équilibre économique initialement envisagé.
- L’équipe “moteur” est complète avec 2 salarié·es, 1 infirmière, 1 animatrice externe, 1 membre des Cuisines de Quartier et une équipe tournante de bénévoles réguliers.
- Depuis avril 2025, 8 groupes de cuisine de quartier utilisent la cuisine partagée, représentant 52 utilisateur·rices et environ 860 portions cuisinées
- 13 focus santé-alimentation, touchant 329 participant·es, et 3 ateliers de conservation ont initié une trentaine de personnes aux techniques anti-gaspi.
Impacts :
- Impact environnemental
Lunch in Jette encourage une alimentation durable grâce à l’utilisation quasi exclusive de produits bio et locaux, achetés à quelques mètres du lieu. Les lunchs, 100 % végétariens, participent à la réduction de la consommation de viande et à la découverte des protéines végétales.
Même si la récupération alimentaire n’a pas pu être mise en place, l’équipe a renforcé la prévention du gaspillage : menus planifiés sur réservation, réutilisation systématique des restes, et ateliers de conservation qui ont initié une trentaine de participant·es aux techniques anti-gaspi.
Le projet a aussi instauré des réflexes zéro déchet en encourageant l’usage de contenants réutilisables pour les plats à emporter. - Impact social
Chaque semaine, le lunch réunit des publics très différents — personnes précarisées, habitants du quartier, travailleurs, familles — et crée un espace inclusif où chacun·e peut participer.
Avec 70 % de participant·es réguliers, une véritable communauté s’est formée : échanges de recettes, visites chez les uns et les autres, balades à vélo, sorties culturelles. Le cadre participatif valorise chacun·e, redonne confiance et favorise des relations égalitaires.
Le lunch est devenu un lieu de lien social, intergénérationnel et interculturel, qui dépasse largement la cuisine. - Impact Santé
Les participant·es ont été sensibilisés à l’équilibre alimentaire grâce aux interventions régulières de la Maison Médicale Antenne Tournesol. Beaucoup disent mieux comprendre comment composer leurs repas, avoir réduit la viande et se sentir en meilleure forme (digestion, énergie).
Le fait de cuisiner ensemble à partir de produits bruts renforce l’autonomie et éloigne des plats industriels.
Enfin, le lunch agit aussi comme un soutien au bien-être mental : moment structurant de la semaine, sentiment d’utilité, convivialité, rupture de l’isolement.
Et si c'était à refaire ?
Conseils pour reproduire le projet
- Commencer petit (1 lunch par mois) pour tester le format et ajuster les besoins humains et logistiques.
- Miser autant sur la convivialité que sur la nourriture : c’est le collectif qui fidélise.
- Constituer une équipe “moteur” solide dès le début et identifier les partenaires essentiels (santé, social, alimentation).
- Gérer les réservations et les quantités pour éviter le gaspillage et maîtriser les coûts.
- Communiquer régulièrement au niveau local pour toucher les publics précarisés.
À éviter
- Sous-estimer la charge logistique (prépa, service, nettoyage, matériel).
- Se lancer dans la récupération alimentaire sans réseau solide : trop lourd pour une petite équipe.
- Compter sur la tarification solidaire comme unique modèle économique.
- Oublier de préserver le rythme de l’équipe : le projet peut vite devenir épuisant vu le différents axes. Une équipe solide est indispensable.
Ce qu’on ferait différemment
- Activer plus tôt la cuisine partagée pour impliquer d’autres groupes et mutualiser les énergies.
- Mettre en place plus rapidement un système de relais bénévoles pour réduire la dépendance au personnel salarié.
- Renforcer les partenariats locaux dès la conception : la complémentarité est un facteur clé de réussite.
Nos outils :
-> Questionnaires d'évaluation : participants atelier - participants lunch
-> Facilitateur Graphique : partie 1 et partie 2
-> Livre des recettes lunch in jette : tome 2 et 3 ici et tome 4 à 6 ici !
-> Fichier "Inventaire prêterie et registre des membres"
