Le 16 janvier dernier, le service B2B initié dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie Good Food organisait une rencontre entre acteurs de la filière des produits laitiers et fromages de Belgique. L’occasion d’échanger, trouver des solutions innovantes, et surtout de susciter de nouvelles collaborations. Après un boom des ventes lors de la crise du Covid-19, les ventes de produits alimentaires locaux en circuit court (vente à la ferme, sur les marchés…) affichent une perte de vitesse. Sans oublier la récente explosion des prix de l’énergie, la flambée des matières premières et l’inflation qui se généralise.
Les ateliers proposés par le service B2B Good Food répondent directement à l'un des objectifs de la Stratégie Good Food qui est le développement de « filières Good Food pour approvisionner Bruxelles ». En effet, il s’agit de connecter la demande alimentaire de Bruxelles avec l'offre locale en utilisant un service de facilitation et de créer un réseau logistique pour approvisionner la ville.
Après la filière de la viande, celles du pain et de l’hôtellerie, le service B2B de Good Food s’est intéressé aux acteurs des produits laitiers et fromages. Éleveurs, producteurs laitiers, fromagers, épiciers et distributeurs… près de 35 professionnels venus de toute la Belgique ont participé à l’atelier du 16 janvier. « Le cadre était agréable, et l'organisation en tables rondes sur différentes problématiques très sympa ! », explique Christine Delcroix, à la tête de la Ferme de la Warde, exploitation située à Thieulain, près de Tournai, et qui propose des produits laitiers bio.
Élaboré selon une « méthodologie d’animation économique » visant à faire émerger des solutions innovantes pour renforcer les filières en circuit court et faciliter la création de partenariats commerciaux, ces ateliers visent à promouvoir la création et la transition d'entreprises Good Food en construisant un espace d'essai pour les activités de transformation alimentaire qui servira également de guichet d'accompagnement pour les entrepreneurs Good Food. Ces rendez-vous permettront d’aborder toutes les étapes d’une filière en circuit-court : production, transformation, commercialisation, transport et logistique, mais aussi communication, vente et sensibilisation à la lutte contre le gaspillage alimentaire et à la saisonnalité de produits.
Témoignages et partage de bonnes pratiques
Rencontrer des professionnels pour « étoffer son réseau », mais aussi « se faire connaitre et acquérir un peu plus de visibilité », voici ce qui a séduit Florent. Dans quelques semaines, cet entrepreneur ouvrira une fromagerie à La Chasse, dans le quartier d’Etterbeek : « Cet atelier m’a été très utile pour connaître et partager les réalités et les challenges de la filière, mais aussi pour discuter des bonnes pratiques déjà en place et qui pourraient être utiles à mon projet. Cela a validé ma vision d’un terroir belge riche en fromages, tout en renforçant mon envie de mettre en valeur ses produits ! »
Les Belges consomment en moyenne 12,6 à 15 kg de fromage par personne et par an, ce qui laisse la part belle au développement de produits locaux nouveaux alliant bon goût, qualité et durabilité. De manière générale, les études montrent qu’en plus du beurre et de la crème, les Wallons consomment plus de fromage que les Flamands, qui sont eux plutôt friands de yaourts et de crèmes glacées. Les fromages de type gouda et comté sont nombreux en Belgique tandis que les bleus se font plus rares.
Lors de son témoignage et partage d’expérience, Peter De Cock, aux manettes de la Bergerie d’Acremont et créateur du concours du meilleur fromage fermier au lait cru de Wallonie, a rappelé que « 9 % du lait produit en Wallonie est transformé en circuit court ». Quant à la question du prix élevé des fromages belges, il l’explique par des terres agricoles plus chères à l’hectare qu’en France, et un système d’aides financières moins bien redirigé vers les petits exploitants.
Une logistique de mutualisation
Préparer ses commandes et les livrer demande du temps et un budget logistique qui peut se répercuter sur le prix final payé par le consommateur. « Actuellement, nous livrons quelques épiceries bio à Bruxelles, explique Christine Delcroix. Je me suis associée avec d'autres producteurs bio (de produits totalement différents des miens) afin de mutualiser le transport et proposer à ces épiceries une large gamme de produits. En témoignant de cette organisation [ndlr : lors de l’atelier], j'ai reçu beaucoup de retours positifs, notamment sur le fait que cette petite structure informelle, légère et peu coûteuse, était peut-être le bon niveau d'organisation. »
Afin de permettre aux producteurs locaux de se consacrer pleinement à leur travail de production, la Stratégie Good Food 2 soutient le développement coordonné de solutions logistiques pour approvisionner en produits issus du circuit court un réseau de magasins et restaurants bruxellois, via des acteurs comme Terroirist ou Cabas.
L’atelier de la « Filière Good Food » des fromages et produits laitiers aura également permis la naissance d’autres collaborations, dont celle entre la coopérative Cabas et la productrice Fanny Goethals (La Voie Lactée), et celle entre la brasserie Le Roy d’Espagne et La Bella Puglia, producteur de produits laitiers italiens (mozzarella, ricotta, burrata…).