Etude, Facultés Universitaires Saint-Louis / Greenloop / Observatoire bruxellois de l’Emploi-Actiris, 2014, 115 pages
Cette étude analyse le potentiel d’emplois qu’offre le développement de l’alimentation durable à Bruxelles au sein des différents secteurs de la chaine alimentaire.
Objectifs
L’alimentation durable, plus respectueuse des producteurs, des consommateurs et de l’environnement, est en plein essor dans les pays du Nord. La capitale belge n’est pas en reste dans ce vaste mouvement, mais elle doit aussi faire face à de nombreux autres défis sociaux, notamment celui de l’emploi.
Et si la Good Food offrait un potentiel à cet égard et permettait de concilier deux objectifs régionaux prioritaires ?
Cette étude présente un double objectif :
- identifier le volume et la nature des emplois actuels liés à l’alimentation durable à Bruxelles,
- déterminer leur potentiel de développement dans le cadre d’une politique régionale de soutien à la Good Food.
Résumé
Les cinq premières parties de l’étude rappellent les enjeux du système alimentaire, aux niveaux global et local, et proposent un tour d’horizon des différents régimes alimentaires. Elles se penchent également sur les définitions existantes de l’alimentation durable et les évolutions récentes qui tendent à inscrire nos pratiques alimentaires dans les principes du développement durable.
Les deux parties suivantes constituent le cœur de l’étude.
La partie 6 présente la situation actuelle de l’emploi dans les initiatives d’alimentation durable à Bruxelles. Une enquête de terrain menée par l’Observatoire bruxellois de l’Emploi (Actiris) a permis de dénombrer le nombre et les types d’emplois existants, secteur par secteur, ainsi que leur évolution au cours des dernières années. Sur cette base, la partie 7 propose une vision prospective du potentiel d’emplois offert par un scénario volontariste et innovant, faisant la part belle à l’agriculture urbaine et la Good Food dans la capitale.
Une huitième partie explore les freins et les opportunités à appréhender pour soutenir le développement d’un système alimentaire durable à Bruxelles, avant de conclure par une dernière partie qui expose des recommandations aux pouvoirs publics régionaux en vue du développement d’un système alimentaire durable porteur pour l’emploi.
Résultats
L’enquête menée dans le cadre de l’étude par l’Observatoire bruxellois de l’Emploi (Actiris) montre que l’alimentation durable occupe déjà 2 500 emplois en Région bruxelloise, dont près d’un millier dans la distribution. L’horeca et la transformation constituent les deux autres secteurs alimentaires les plus importants en termes de volume d’emplois, à côté d’autres activités telles que la production, la formation, la gestion des déchets, etc. L’étude montre en parallèle que l’alimentation durable a poursuivi sa croissance en emplois, même pendant la récente période de crise.
Pour explorer le potentiel d’emplois, les auteurs présentent des exemples de pratiques déjà expérimentées ailleurs, tout au long de la chaîne alimentaire. Ces études de cas illustrent la forte créativité présente dans le domaine de l’alimentation durable, mais soulignent également la relative difficulté de la Région bruxelloise à dynamiser son démarrage en la matière.
Il ressort de l’analyse que le secteur potentiellement le plus pourvoyeur d'emplois en Région bruxelloise est celui de la production agricole urbaine, avec plus de 1 400 postes à créer si l’on a recours à une politique volontariste et à des techniques de maraichage respectueuses de l’environnement et intensives en main-d’œuvre. De cette production urbaine, découleraient plus de 1300 emplois supplémentaires dans les secteurs de la transformation, de la distribution et de l’horeca. Quelques centaines d’emplois pourraient également voir le jour dans le traitement des déchets et la formation. Le potentiel total s’élève donc à plus de 2 900 emplois, soit un doublement de l’emploi actuel en 10 à 15 ans.
Le huitième chapitre examine les freins et les opportunités pour la transition dans les principaux secteurs d’activité liés à l’alimentation durable. L’augmentation de la demande pour une alimentation de qualité et de proximité chez les consommateurs bruxellois et la diversité des initiatives en agriculture urbaine constituent des atouts indéniables. Mais les inerties s’avèrent également fortes : mécanismes institutionnels et législatifs, mentalités des acteurs économiques et changements de comportements des mangeurs n’évoluent que lentement.
L’étude conclut sur des recommandations aux pouvoirs publics : en parallèle de mesures spécifiques à chaque secteur d’activité, elle insiste sur la nécessité d’une politique ambitieuse à même de soutenir le développement d’une agriculture urbaine dense en emplois.