Cultivez vos légumes sur un sol sain !
Vous voulez cultiver des légumes ou des fruits ? Idée géniale ! Avant toute chose, il est primordial de connaitre la qualité du sol où ils vont pousser : est-il fertile, riche en matières organiques ? Et surtout de se rappeler qu’un sol sain, c’est un sol exempt de pollutions ! Car si votre sol est pollué, vous ne le verrez pas à l’œil nu, mais ça peut avoir un impact sur la qualité de votre production alimentaire. Tout comme sur votre santé et votre cadre de vie.
Rassurez-vous : la problématique d’une éventuelle pollution du sol ne doit pas constituer un frein à la production alimentaire. Il faut cependant rester vigilant : un terrain entièrement vierge, sur lequel jamais aucune activité humaine n’a eu lieu est rare, voire inexistant. Dans notre Région anciennement industrialisée et fortement urbanisée, il est probable que certains terrains soient pollués.
À quoi reconnaît-on une pollution du sol dans un potager ?
Certains éléments peuvent être détectables à l’odeur ou par l’observation et ainsi indiquer une pollution du sol :
- Si des résidus de cendres ou des morceaux de goudron sont présents, le sol peut être contaminé par des hydrocarbures (HAP). Si une nappe d'hydrocarbures flotte sur un étang ou si vous voyez ou sentez des hydrocarbures dans le sol, le sol peut avoir été contaminé par des carburants, des solvants ou des huiles de graissage.
Observer un lieu et ses environs peut aussi vous fournir des indications sur un éventuel risque de pollution du sol :
- La présence de déchets où se trouvaient des matières liquides (par exemple : des fûts d’huile vides, des bidons de solvants…)
- Déchets de construction (par exemple : tôles, métaux, remblais…)
- Certaines entreprises peuvent, par la nature de leurs activités, engendrer une pollution du sol (par exemple : une pollution aux huiles minérales peut provenir d’un garage d’entretien de véhicules)
- Des anciens terrains de chemin de fer peuvent avoir été rehaussés avec des cendres
- Un site où les services de pompier sont intervenus suite à un incendie
Pour en savoir plus, nos pages web :
Comment savoir si votre terrain est concerné ? C’est simple : suivez les 6 étapes du Guide pratique d’analyse de sols pour cultiver en ville.
Cependant, les pollutions sont maitrisables sur base de certaines bonnes pratiques et mesures de prévention.
Quelles substances chimiques peuvent polluer votre potager ?
Une pollution du sol peut avoir plusieurs origines : activité économique, artisanale ou industrielle ; remblayage d’un terrain avec des matériaux pollués ; utilisation de pesticides chimiques, l'utilisation de mousse d'extinction dans un incendie…
Voici les 6 polluants principaux que l'on retrouve dans un potager
Métaux lourds
Les « métaux lourds » constituent une catégorie large reprenant des éléments chimiques. Certains métaux lourds présents dans l’environnement et en dessous de certains seuils ne sont pas considérés comme toxiques. Certains sont naturellement présents dans le sol ou dans l’eau souterraine dans une certaine concentration, comme le cuivre, le zinc ou le fer, par exemple.
En revanche, d’autres métaux lourds peuvent être fortement toxiques pour l’être humain et l’environnement, en fonction de leur nature ou de leur concentration. C’est le cas du plomb et du cadmium, entre autres.
Hydrocarbures aromatique polycycliques (HAP)
Les « HAP » représentent de nombreux composés et peuvent être fortement toxiques. Ils se forment principalement suite à une combustion incomplète : carburant automobile, bois, charbon, incinérateurs… Une partie de cette pollution spécifique s’avère cancérigène. On retrouve les « HAP » e.a. dans des couches de remblai, des morceaux de goudron ou des résidus de cendres.
Huiles minérales
Elles concernent un groupe de substances chimiques dérivées de pétrole brut, largement répandues dans notre société et potentiellement toxiques… Mazout de chauffage, carburants, huile de graissage pour véhicules ou engins de jardinage. Certaines huiles minérales sont également utilisées comme dégraissant ou solvant : c’est le cas du white spirit.
Pesticides
Dans le passé, l’utilisation des pesticides chimiques était très fréquente. Malheureusement, beaucoup de ces substances sont très difficilement dégradables dans l’environnement et restent donc longtemps dans le sol. Celles-ci sont nocives pour l’homme et de nombreuses espèces de plantes et d’animaux.
PFAS
Les PFAS sont des composés fabriqués par l'industrie et n'existent pas à l'état naturel. Ces substances se retrouvent dans de nombreux produits et articles que nous utilisons au quotidien, notamment dans les emballages alimentaires en papier (pour les fast-foods ou les pizzas), dans les revêtements des poêles antiadhésives Teflon®, dans les cosmétiques, dans les vêtements imperméables et dans certaines mousses anti-incendie...
Les PFAS sont également connus comme les polluants chimiques "éternels" car ils ne se dégradent pas facilement, restent présents dans l'environnement pendant des centaines d'années et finissent par se retrouver dans les organismes vivants y compris l’Homme.
Amiante
L’amiante est un matériau à structure fibreuse qui est à la base de produits aux propriétés spécifiques (pouvoir isolant, résistance au feu, résistance aux acides, forme solide et flexible). Depuis 1998, la production, la commercialisation et le recyclage de l'amiante sont interdits, mais en raison de ses nombreuses applications, l'amiante est largement répandu dans notre environnement de vie. Cependant, l'inhalation de fibres d'amiante présente de graves risques pour la santé.
Guide pratique d’analyse de sols pour cultiver en ville
Comment savoir si votre terrain est concerné ? C’est simple : suivez les 6 étapes du Guide pratique d’analyse de sols pour cultiver en ville.
Bonnes pratiques pour éviter de polluer le sol dans son potager
- Veillez à ne pas utiliser de produits toxiques, en particulier des pesticides. Voir nos conseils sur le site de Bruxelles Environnement : Cultiver au naturel
- Évitez l’épandage de cendres car elles peuvent contenir des pollutions en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ou d’autres polluants si elles sont issues d’une incinération (incomplète) de déchets.
- Utilisez du compost de bonne qualité et d’origine fiable car un compost d’origine douteuse peut contenir des pollutions en raison de la présence de déchets organiques pollués, par exemple des déchets verts provenant d’un terrain pollué. De même, en cas de rajout de terre, assurez-vous de son origine.
- Ajouter du bon compost dans votre sol afin d’améliorer le processus de dégradation des polluants comme des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des résidus de pesticides.
- N’utilisez pas d’eau de pluie ou de puits si vous suspectez qu’elle est polluée. Il est déconseillé d’utiliser de l’eau collectée d’un toit en zinc ou en amiante-ciment parce qu’ils peuvent la contaminer.
- La maintenance de vos outils de jardinage qui fonctionnent à l’essence (p.ex. débroussailleuse, tondeuse, etc.) ne doit pas se faire dans le potager.
- Évitez d’utiliser des équipements de jardin peints (cabane, clôture...). Avec le temps, la peinture pourrait se détacher et ses composants pourraient se retrouver dans le sol.
- N’utilisez pas de matériaux suspectés d’amiante dans votre jardin.
Est-ce que le type de légume cultivé est important par rapport à la pollution du sol ?
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte pour expliquer qu’une plante accumule plus de polluants que d’autres. Le type de sol ou la nature du contaminant par exemple sont importants.
À ce stade-ci des connaissances, il n’est pas évident de fournir des recommandations détaillées concernant le type de légume à cultiver en fonction du type de pollution présente.
De façon générale, en ce qui concerne le pollutions aux métaux lourds on peut faire la distinction suivante :
Les fruits, légumes-fruits et graines : ce sont les cultures les moins sensibles aux contaminants.
Exemples : tomates, aubergines, poivrons, gombos (seulement les graines des cosses), courges, maïs, concombres, melons, pois et haricots écossés, oignons (bulbe seulement) et les fruitiers tels que les pommiers et les poiriers.
Les légumes-racines : ils présentent une capacité intermédiaire à fixer les polluants des sols. Une partie des métaux lourds restera à l’extérieur des légumes. Lavez donc bien les légumes ou épluchez-les avant de les consommer.
Exemples: carottes, betteraves, pommes de terre et navets.
Les légumes feuilles et les herbes aromatiques : en général, ce sont ceux qui concentrent le plus les polluants du sol. Ne les cultivez donc que dans un sol exempt de pollution, ou cultivez-les en cas de doute dans des bacs.
Exemples : laitue, épinards, blettes, les différents choux, brocolis, haricots verts et petits pois non écossés, thym, etc.
Comment se protéger d’une pollution du sol dans son potager?
Mesures de précaution générales
D’une manière générale, il convient de toujours laver les légumes et fruits avant de les consommer. De même, il est conseillé de se laver les mains après avoir jardiné.
Avant d’installer mon potager
- La meilleure façon de minimiser les risques d’entrer en contact avec une pollution du sol est le choix de l’endroit où on veut installer un potager. Choisissez donc un endroit de votre jardin approprié et non suspect.
- Si vous avez déjà effectué l’analyse et que le seuil 1 est dépassé pour cadmium, plomb, PFAS, pesticides ou amiante, ou le seuil 2 est dépassé pour au moins une autre substance, évitez d’installer votre potager en pleine terre dans la/les zone(s) polluée(s). Cultivez vos légumes dans des bacs ou autres récipients que vous remplissez de terre propre et de compost, dont vous connaissez l'origine.
- Si vous n’avez pas (encore) fait d’analyse, évitez de mettre un potager en pleine terre, dans des zones remblayées avec des déchets de construction, de matériaux suspectés d’amiante, des cendres, etc. Il est également préférable de ne pas planter de potager dans les zones situées à proximité immédiate des grands axes de circulation, des voies ferrées ou des zones où se déroulent certaines activités économiques et industrielles.
- Si vous avez des doutes, vous pouvez faire analyser, au préalable, un échantillon de sol pour exclure la présence d’une pollution du sol. Consultez le Guide pratique d'analyse de sols pour cultiver en ville.
Lors du jardinage
- Veillez à avoir une terre saine et fertile. Pour ce faire, ajoutez régulièrement du compost ou du fumier à votre sol. En effet, la matière organique dans le sol a un impact positif sur la structure et la vie microbienne du sol. Cela peut avoir un impact sur l’immobilisation voire même la dégradation de certains polluants organiques.
- Veillez à ce que votre sol ne soit pas trop acide (pH). En effet, dans un sol plus acide, les métaux lourds sont plus facilement libérés et pourront alors être absorbés par les plantes. En général, un sol sableux est plus acide qu’un sol argileux. Les laboratoires, mais aussi certains centres de jardinage, peuvent analyser l’acidité de votre sol pour vous. Pour diminuer l’acidité de votre sol, vous pouvez ajouter, par exemple, de la chaux ou du compost mûr.
- Ne laissez pas un sol nu. Vous pouvez couvrir les parterres avec du compost ou des déchets verts hachés de manière à éviter une dispersion des particules de sols avec le vent ou la pluie. La couverture du sol permet également de le protéger de la sécheresse et des intempéries. Cela contribue également à diminuer la pousse des « mauvaises herbes ».
Besoin de plus d’informations ?
Si après lecture de ces pages, vous avez encore des questions concernant la pollution du sol de votre potager, vous pouvez entre autre contacter les personnes suivantes :
- Le facilitateur sol de Bruxelles Environnement qui peut vous d’expliquer la politique de gestion des sols pollués de la Région de Bruxelles-Capitale.
- Les experts en pollution du sol peuvent vous renseigner sur les aspects techniques et scientifiques relatives aux pollutions du sol, les études de sol ou même le traitement d’une pollution du sol. Sachez toutefois qu’il s’agit des sociétés privées et que les conseils ne sont pas gratuits !
- Les laboratoires agréés qui peuvent aussi vous donner des conseils sur les analyses chimiques que vous pouvez réaliser.
Il y a aussi des organisations qui s’intéressent à la problématique des potagers en milieu urbain. Vous pouvez les retrouver sur notre portail Good Food.
Sources
Pour rédiger ce guide, Bruxelles Environnement s’est basé sur ses expériences d’accompagnement de potagers collectifs dans leurs analyses de sols, sur les expériences du « facilitateur sol », sur des consultations avec entre autres des laboratoires et l’OVAM et s’est également inspiré d’autres guides similaires tels le Guide de Toronto « From the ground up ».
Disclaimer
Ces recommandations sont de l’ordre de l’information générale.
Bruxelles Environnement veille à ce que ces recommandations soient les plus correctes et les plus complètes possible mais il ne peut être tenu responsable de la manière dont ces recommandations sont utilisées et interprétées.
Bruxelles Environnement ne donne aucune garantie quant à l’adéquation des sols pour le jardinage ou pour d’autres situations applicables au jardinier à qui il revient seul de s'assurer que les conditions sont adaptées pour le jardinage à l'endroit choisi.