Cette étude dresse un bilan de l’agriculture urbaine professionnelle à Bruxelles et de son évolution entre 2015 et 2024, dans le cadre de la stratégie Good Food. Elle vise à documenter l’évolution du secteur, à travers une analyse quantitative et qualitative des projets, des pratiques, des modèles économiques et des impacts sociaux et environnementaux. L’agriculture urbaine professionnelle bruxelloise se distingue par sa diversité de formes (pleine terre, hors sol, toitures, friches, etc.) et de vocations (commerciale, sociale, hybride). Le projet agricole est défini comme une activité économique structurée, avec un site de production fixe et une comptabilité propre. L’étude distingue deux grandes catégories : l’agriculture conventionnelle historique (30 projets, 208 ha en 2024) et l’agriculture émergente (62 projets en 2024, 53 ha, 96 ETP à Bruxelles et dans sa périphérie; 49 projets, dont 41  en pleine terre et 8 entièrement hors sol, 36 ha, 84 ETP sur le terrain bruxellois uniquement). 

En 2023, 30 projets d’agriculture conventionnelle sont recensés à Bruxelles, couvrant 208 hectares, principalement à Anderlecht et Molenbeek. Environ 113 ha seulement sont situés en zone agricole au PRAS. Entre 2015 et 2023, 60 ha ont disparu des déclarations PAC, surtout en zones bâtissables ou vertes. A l’inverse, dans la même période, 20 ha de terres agricoles sont nouvellement apparues dans les déclarations à la PAC, dont 4 ha situés en zone agricole. Ce faisant, les disparitions nettes de parcelles agricoles déclarées à la PAC représentent 41 hectares, dont 3,5 ha seulement de disparition en zone agricole. Les pertes sont souvent liées à des projets d’urbanisation (15 ha), à du boisement (3 ha), mais également à des changements de gestion des terres, sur lesquelles des activités agricoles continuent tout de même à avoir lieux (19 ha). Ainsi, la perte nette de terres agricoles déclarées est à relativiser.

Depuis 2015, le secteur de l'agriculture émergente a connu une croissance significative : le nombre de projets a presque triplé, les surfaces cultivées ont doublé, et l’emploi a fortement progressé. Le maraîchage diversifié représente une part importante de la production, souvent mené selon des pratiques agroécologiques, en agriculture biologique ou en conversion. Il coexiste avec d’autres formes de production telles que la tisanerie, l'horticulture, la culture de micropousses, l’aquaponie, la production de champignons, l’apiculture ou encore l’élevage urbain, qui témoignent de la diversité et de l’innovation du secteur agricole urbain bruxellois. Les circuits courts (vente directe, paniers, marchés) sont largement privilégiés.

L’étude met en lumière les défis fonciers (précarité des contrats, accès au terrain) et économiques (revenus souvent faibles, dépendance aux subsides), mais aussi les forces du secteur : ancrage local, multifonctionnalité (production, insertion, sensibilisation, biodiversité,...), et résilience face aux crises (Covid, énergie). La stratégie Good Food a joué un rôle central via ses outils d’accompagnement (technique, juridique, économique, foncier, de réseau) et ses appels à projets (1,8 million € attribués entre 2016 et 2024). Toutefois, l’étude souligne la nécessité de renforcer l'aide à la transition agroécologique des fermes historiques, souvent encore trop peu connectées à la stratégie régionale.

 

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Date de dernière modification: 17/11/2025