Le lundi 9 mars 2020 se sont rassemblées 45 personnes, producteurs pleine terre et hors sol, acteurs de l’accompagnement et de la recherche, lors d’un évènement participatif à l’initiative du Facilitateur Agriculture Urbaine et du projet FEDER BoerenBruxselPaysans.
Des représentants de l’administration et du cabinet du Ministre Alain Maron étaient présents afin de comprendre au mieux les réalités des producteurs et travailler ensemble à chercher des pistes d’action pour le développement de l’agriculture urbaine en Région Bruxelles-Capitale.
Les 3 priorités qui ont été dégagées sont :
– Reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture urbaine
– Faciliter l’accès à des formations techniques
– Créer et animer un réseau de producteurs
Les conclusions de ces travaux permettront d’alimenter la suite d’une stratégie Good Food adaptée aux besoins du secteur.
Retour sur la journée
Les ateliers facilités le 9 mars par les partenaires du Facilitateur Agriculture Urbaine et du projet FEDER BoerenBruxselPaysans, ont réuni 45 personnes, dont 10 producteurs et productrices pleine terre (Smala farming, Radiskale, 1082 nuances de saveurs, Houblons de Bruxelles, Hierba buena) et 6 producteurs hors sol (Urbileaf, ECNAM, BIGH, et Alaube).
Ci-dessous, nous reprenons quelques éléments des riches échanges qui permettront d’alimenter la suite d’une stratégie Good Food adaptée aux besoins du secteur.
Ateliers ‘Obstacles et solutions’ et ‘Multi-fonctionnalité’
Les échanges menés en groupes de travail ont remis notamment en évidence que l’agriculture urbaine est une activité économique atypique qui est intégré dans différents écosystèmes. D’une part, elle est intégrée dans le tissu social et démontre ainsi une grande porosité vers la société civile. Des citoyens participent en effet à la vie économique de la plupart des initiatives que cela soit en tant
que récolteurs, soutien ponctuel ou participant structurel aux activités de la ferme. D’autre part, elle fait partie de l’économie certes locale, mais néanmoins mondiale car elle offre des produits dont le prix est influencé par le marché mondial.
Ceci pousse les agriculteurs urbains à créer des modèles économiques innovants et se diversifier. La présence des citoyens est identifiée autant comme une ressource que comme un défi qui nécessite des compétences multiples.
Ceci oblige également les producteurs à se former. Le besoin de formations et d’échanges d’expertise et d’expériences semble un besoin pour la plupart des producteurs bruxellois. Plusieurs initiatives sont en route et des dynamiques existent à l’extérieur
de Bruxelles. Il est maintenant question d’avancer avec l’offre de formations et d’apprendre d’autres initiatives de partage de savoir-faire.
Toutefois, les charges que ce défi de formation s’ajoutent aux coûts de production, alors que les revenus sont limités par les prix trop bas des denrées alimentaires.
Les résultats de la première partie de la journée invitent également à court terme à réfléchir à des manières de réduire les coûts de
production-distribution par la mise en place de solutions logistiques, de mutualisation d’outils techniques et administratifs, à moyen terme d’une simplification administrative et une adaptation de la réglementation, et à long terme, d’ouvrir le débat sur la particularité de l’agriculture comme activité à la fois économique et citoyenne.
Un travail sur la reconnaissance et le soutien à la multi-fonctionnalité de l’AU a déjà été initié, suite au mémorandum initié par une série d’acteurs associatifs et de producteurs, et soutenu par le Début des Haricots.
En 2 mots, la multi-fonctionnalité de l’agriculture urbaine consiste à:
-Renforcer le capital social et humain
-Réduire l’impact sur l’environnement, et améliorer l’adaptation
au changement climatique
Les échanges du 9 mars soulignent l’importance de continuer/accélérer ce travail et d’être innovant sur la manière de financer ces fonctions complémentaires à la production et qui sont essentielles.
Par rapport à la mise en place d’un réseau de producteurs, selon certains producteurs, il semble que les producteurs pleine terre ressentent plus ce besoin que les producteurs hors-sols. Le premier groupe est plus large et croissant. Le deuxième groupe est plus réduit et visiblement déjà fort connecté. Leurs besoins ne semblent pas les mêmes sauf sur le point de la logistique. Le Ministre souhaite soutenir l’animation d’un réseau et une réflexion est en cours afin de créer un outil en adéquation avec les besoins des agriculteurs bruxellois.
‘Référentiel pour une agriculture urbaine durable‘
Pourquoi un référentiel de durabilité pour l’agriculture urbaine en RBC ?
Depuis plusieurs années, le secteur de l’AU se développe à travers des projets divers et variés, du maraichage en pleine terre à la culture sous serre sur toit en hydroponie, en passant par la production de champignons et de micro-pousses en cave.
La RBC souhaite avoir une vision plus claire de ce secteur et encourager les porteurs de projets vers plus de durabilité. Cette volonté était bien exprimée dans la stratégie Good Food : « En 2020, 100% des nouveaux projets de production agricole professionnels sont performants au niveau environnemental, économique et social ». C’est suite à cela que l’équipe du Facilitateur Agriculture Urbaine a été mandaté pour élaborer un référentiel de durabilité.
Comment ?
Cet outil est issu d’un processus de cocréation entre les experts du Facilitateur Agriculture Urbaine (TeV, ERU, Green SURF, Groupe One) sur base d’outils de diagnostic de la durabilité de l’agriculture de référence : le référentiel de durabilité CosyFood, IDEA (Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles), FADEAR (diagnostic agriculture paysanne) et le diagnostic de durabilité du réseau CIVAM.
Le défi principal est d’adapter ces outils très performants au contexte Bruxellois de l’AU. Ce point fut plusieurs fois soulevé lors de la journée de travail.
Le 9 mars, une première ébauche de projet a été présenté aux participants pour les informer que le FAU travaille sur l’outil et qu’il aura besoin dans un futur proche d’un feedback des producteurs. Il y a un véritable souhait de co-construire l’outil avec les producteurs, et également de se baser sur les études et outils pré-existants.
Pour qui ?
Il est également important que cet outil puisse être utilisé pour l’analyse pour une grande diversité d’activités : maraîchage, tisaneries, petite élevage, (pré-)vergers, mais également différentes pratiques de production hors sol. De plus, il y a le souhait que cet outil puisse être utile pour des publics-cible différents. Voici la triple finalité qui a été suggérée par les participants :
- Outil d’auto-évaluation par le producteur dans l’objectif d’améliorer sa production agricole (économie /écologique/sociaux) ;
- Outil pour les administrations permettant d’objectiver le niveau de durabilité d’un projet d’AU
- Outil d’analyse et d’accompagnement pour le FAU.