Un restaurant participatif, c’est un lieu de rencontre, de découverte et de partage qui s’organise autour d’un repas local, sain et de saison. Focus sur ce concept qui commence à faire sa place dans notre capitale, et qui contribue à dynamiser les quartiers. Rencontre avec Emilie Muller, co-fondatrice du projet La MarMeet à Schaerbeek.
D’où est née votre envie de développer un resto participatif ?
Emilie Muller : Lorsque nous avons découvert le restaurant participatif KOM à la Maison, à Etterbeek, sa fondatrice nous a convaincu de la nécessité de développer un tel projet dans d’autres communes bruxelloises. Nous avons également exploré d’autres initiatives engagées sur le principe d’une alimentation de qualité accessible à tous et toutes, à un prix abordable. Dès lors, le lancement du projet La MarMeet est devenu une évidence, et nous avons bénéficié du soutien d’autres acteurs de l’alimentation durable implantés dans la commune, notamment la Beescoop. A Schaerbeek, il y a une belle mixité culturelle et associative, c’est idéal pour ce type d’initiative. Nous avons également été impliqués dans le Conseil local de l’alimentation durable de la commune et nous avons contribué aux réflexions concernant les actions à mener, cela nous a permis de rencontrer des acteurs locaux actifs autour de la thématique.
Quelles ont été les étapes pour lancer le projet ?
E.M. : Nous avons eu un premier financement Good Food, en tant qu’association de fait, et nous avons eu l’opportunité de disposer d’une occupation temporaire Place de la Reine, dans un lieu occupé également par d’autres associations. Le bâtiment n’étant pas adapté pour cuisiner, cela a été un gros challenge ! Nous avons créé des modules de cuisine sur roues, ce qui nous a permis d’être mobile sans prendre trop de place et de contribuer à l’organisation d’évènements en dehors du lieu (par exemple, pour organiser des ateliers de cuisine, toujours liés à l’objectif de notre projet). Aujourd’hui, cette occupation temporaire se termine et nous sommes en quête d’un autre lieu pour installer le projet.
Comment cela se passe pour les personnes qui poussent la porte de votre resto ?
E.M. : Le resto est ouvert dès le matin, celles et ceux qui le souhaitent peuvent contribuer à la préparation collective du repas qui sera servi à midi trente, pour un prix libre. Grâce à ce système, on permet à un large public d’avoir accès à une alimentation de qualité. Nous pouvons accueillir jusqu’à 30 personnes, et la réservation est nécessaire.
Pour la préparation du repas, on aime dire qu’il n’y pas de chef à la MarMeet, on est tous et toutes des chefs ! Les menus sont composés à partir de produits récupérés. On étale tout sur la table et on décide collectivement de ce qu’on veut préparer. L’équipe habituelle du resto peut faire des propositions, mais chacun est libre d’apporter ses suggestions. Les recettes peuvent être très diversifiées, toujours imprégnées de la culture et de l’expérience du groupe. Les plats sont végétariens à 99 %, et le menu est composé en tenant compte des contraintes du planning, donc du temps de cuisson et du matériel disponible.
« Il n’y pas de chef à la MarMeet, on est tous et toutes des chefs ! »
On compose le menu à partir de produits récupérés, généralement locaux, bio et de saison. Quand on a commencé, on travaillait en collaboration avec les commerçants locaux, qui étaient ravis de pouvoir se débarrasser de leurs invendus. Mais cela nous prenait beaucoup de temps. Aujourd’hui, on travaille surtout avec The Barn Biomarket, qui nous fournit directement de grandes quantités. Toutefois, on n’abandonne pas l’idée de travailler avec les commerçants locaux, pour des projets à venir. Par ailleurs, nous participons aussi à des évènements et proposons des teambuildings, selon le même concept de préparation en équipe pour ensuite proposer un menu pour tous, toujours à un prix libre. Ce n’est pas de la charité mais du vivre et faire ensemble, dans un lieu convivial ouvert à tous et toutes, peu importe son âge, ses croyances ou le contenu de son portefeuille.
Comment le public réagit-il à ce concept de restauration ?
E.M. : Globalement, il est souvent plus laborieux d’avoir un public pour cuisiner que pour manger. Parfois, les gens arrivent en nous disant « je ne sais pas cuisiner ». Alors, on décompose les tâches : couper les carottes, peler les patates … et on en fait un moment où chacun contribue à la réussite du repas ! C’est assez méditatif de cuisiner car il faut se concentrer sur une tâche… et quand chacun voit le résultat assuré par le collectif, c’est la fierté d’y avoir contribué… et puis les gens reviennent, parce que c’est bon !
Plus d’infos : lamarmeet.be